Ce document explique les principales spécificités du contrat de travail à durée indéterminée (CDI) en Tunisie, en s'appuyant sur le Code du Travail tunisien, modifié par la loi n° 9-2025 du 21 mai 2025. Il couvre les aspects essentiels tels que la période d'essai, les avantages obligatoires, les modalités de rupture et les procédures associées. Ces informations reflètent la législation en vigueur au 17 septembre 2025.
1. Définition et Principes du Contrat CDI
Le contrat de travail à durée indéterminée (CDI) est la forme normale et générale de la relation de travail en Tunisie, comme défini par l'article 2-6 de la loi n° 9-2025 du 21 mai 2025. Il ne comporte pas de terme prédéterminé et engage l'employeur et le salarié de manière permanente, sous réserve des conditions de rupture prévues par la loi. Le contrat doit être établi par écrit et inclure les éléments essentiels : l'identité des parties, la fonction occupée, le salaire, la durée hebdomadaire du travail, la période d'essai et les conditions de préavis.
Tout contrat de travail est présumé être un CDI, sauf dans les cas exceptionnels où un contrat à durée déterminée (CDD) est expressément autorisé par la loi. Les CDD sont limités à des situations spécifiques, telles que des travaux saisonniers, un remplacement temporaire ou des projets à durée limitée. En cas de non-conformité, un CDD est automatiquement converti en CDI, avec conservation de l'ancienneté du salarié. De même, si un CDD expire sans renouvellement explicite et que le salarié continue à travailler, il se transforme en CDI.
L'employeur doit déclarer le salarié auprès des autorités compétentes, notamment la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), dans le mois suivant l'embauche, pour assurer la couverture sociale.
2. Période d'Essai
La période d'essai permet aux parties d'évaluer la compatibilité de la relation de travail. Sa durée maximale est fixée à six mois, renouvelable une fois pour la même durée, sous réserve d'un accord écrit mutuel. Le renouvellement ne peut être automatique et doit être justifié.
Durant cette période, toute partie peut rompre le contrat avec un préavis de quinze jours, notifié par tout moyen laissant une trace écrite. La rupture ne nécessite pas de justification formelle, mais elle doit être fondée sur des motifs légitimes et non discriminatoires. En cas de rupture pendant l'essai, tout contrat ultérieur avec le même employeur sera considéré comme un CDI sans nouvelle période d'essai.
Le salarié bénéficie, dès le début de l'essai, des mêmes protections sociales que sous un CDI, y compris l'accès à un environnement de travail adapté et à une formation si nécessaire.
3. Avantages Obligatoires pour les Salariés
Les avantages obligatoires découlent du Code du Travail et du régime de sécurité sociale géré par la CNSS et la Caisse Nationale d'Assurance Maladie (CNAM).
L'employeur est tenu de cotiser et de déclarer les salariés pour couvrir les risques sociaux.
La sécurité sociale englobe la maladie, la maternité, l'invalidité, la vieillesse, les survivants, les accidents du travail, les maladies professionnelles et le chômage.
Les cotisations sont partagées entre l'employeur (environ 16 à 18 %) et le salarié (environ 9 %), calculées sur le salaire brut plafonné.
Les prestations incluent :
les soins médicaux (remboursés à 70-100 %),
les indemnités journalières pour maladie (deux tiers du salaire, après une carence de cinq jours, pour un maximum de 180 jours),
les pensions de retraite (40 à 80 % du salaire moyen)
et les allocations familiales (5 à 7 dinars tunisiens par mois et par enfant).
Les congés payés annuels sont accordés à raison d'un jour par mois travaillé, sans dépasser quinze jours au total, dont douze jours ouvrables pour les adultes.
Cette durée augmente d'un jour par tranche de cinq ans d'ancienneté, jusqu'à un maximum de dix-huit jours ouvrables.
Pour les salariés âgés de 18 à 20 ans, le droit est d'un jour et demi par mois, jusqu'à vingt-deux jours ; pour les mineurs, deux jours par mois, jusqu'à trente jours.
L'indemnité de congé correspond au salaire habituel et est payée à l'avance.
Les jours fériés, au nombre de treize à quatorze par an (fêtes nationales et religieuses), sont payés s'ils ne sont pas travaillés. En cas de travail, une majoration de 100 % s'applique.
Le congé de maladie donne droit à des indemnités après cinq jours de carence, à hauteur de deux tiers du salaire, pour un maximum de 180 jours, prolongeable en cas de maladie grave.
Le congé de maternité est de trente jours, prolongeable de quinze jours, payé à deux tiers du salaire ; le congé de paternité est de trois jours.
La durée hebdomadaire du travail est limitée à quarante ou quarante-huit heures, avec majoration pour les heures supplémentaires (25 à 50 %).
D'autres avantages incluent des primes comme la médaille du travail et des allocations de transport, bien que ces dernières soient facultatives mais courantes.
4. Modalités de Rupture du Contrat
La rupture d'un CDI doit respecter des procédures strictes pour éviter des sanctions, telles que des dommages-intérêts en cas d'abus.
Le préavis est d'un mois pour les salariés rémunérés au mois, notifié par lettre recommandée avec accusé de réception. Durant la seconde moitié du préavis, le salarié peut s'absenter pour rechercher un emploi sans perte de salaire.
En cas de faute grave (vol, violence, absences injustifiées répétées, etc.), le licenciement est sans préavis ni indemnité. La gravité de la faute est appréciée par le juge.
Pour des motifs économiques ou technologiques, l'employeur doit notifier l'inspection du travail au préalable, tenter une conciliation dans un délai de quinze jours, et obtenir l'avis d'une commission régionale ou centrale dans un délai maximum de quinze jours. Le salarié licencié bénéficie d'une priorité de réembauche pendant un an.
Les indemnités de licenciement, après expiration de la période d'essai et sauf faute grave, s'élèvent à un jour de salaire par mois d'ancienneté, avec un plafond de trois mois de salaire. En cas de rupture abusive, l'indemnité peut atteindre un à deux mois de salaire par année d'ancienneté, limitée à trois ans de salaire.
5. Procédures Spécifiques et Cas Particuliers
En cas de maladie prolongée, le contrat est suspendu ; une rupture est possible si un remplacement permanent est nécessaire, sauf pendant la grossesse et les douze semaines suivant l'accouchement, période durant laquelle la salariée est protégée contre le licenciement.
La salariée enceinte peut rompre son contrat sans préavis.
En situation de faillite de l'employeur, le contrat subsiste et est transféré au syndic.
Les recours contre une rupture abusive doivent être introduits dans un délai d'un an devant le conseil de prud'hommes.
6. Conclusion
Le CDI en Tunisie assure une stabilité aux salariés tout en imposant des obligations précises aux employeurs, favorisant une relation de travail équilibrée et conforme aux normes sociales.
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Ce document ne constitue pas un conseil juridique et offre une explication générale des dispositions du Code du Travail tunisien. Toute personne ou entreprise confrontée à des doutes ou des questions spécifiques doit consulter un conseil juridique qualifié. Kernel n'a pas vocation à fournir des conseils juridiques.