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Pourquoi l'achat de produits biologiques ne réduit pas mon empreinte carbone ?
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Impacts environnementaux de l'agriculture conventionnelle vs biologique

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Écrit par Support team
Mis à jour il y a plus d’une semaine

Dans une démarche de responsabilité sociale et environnementale, l'achat de produits issus de l'agriculture biologique est souvent envisagé. Cette action encourage en effet le développement d'une agriculture plus responsable pour l'environnement. Cependant, lors du calcul du bilan d'émission de gaz à effet de serre, après avoir remplacé ses produits issus d'agriculture conventionnelle par des produits biologiques, il n'est pas rare de constater une augmentation des émissions de gaz à effet de serre ou, dans les meilleurs cas, aucune réduction significative des émissions.

Pourquoi alors le recours à des produits biologiques ne permet pas de réduire le bilan d'émission de gaz à effet de serre ?


Quels facteurs font varier les émissions de GES ?

Pour de nombreuses raisons, l'impact de l'agriculture biologique sur les émissions de gaz à effet de serre est plus nuancé que ce que l'on pourrait penser. Selon le type de produit, le type d'agriculture ou encore l'échelle à laquelle le produit est cultivé, les différences des émissions entre agriculture conventionnelle et biologique peuvent être très variées.

  • Type d'agriculture et géographie

Prenons l'exemple du café en Amérique centrale. Une étude qui compare l'impact de la culture du café conventionnel et biologique [1] montre que les différences de régime d'agriculture entre intensif et modéré aura une grande importance sur les émissions de GES. Au Nicaragua, une culture intensive biologique du café sera plus émissive que la culture modérée du même produit en agriculture conventionnelle. Au contraire, au Costa Rica, les cultures intensives et modérées du café en bio seront moins émissives qu'en agriculture conventionnelle. Pour un type d'agriculture donné, la culture intensive est toujours plus émissive que la culture modérée.

  • Type de produit

Prenons un nouvel exemple. Des chercheurs ont étudié les différences d'émission entre biologique et conventionnel pour le riz sur l'ensemble de son cycle de vie [2]. On remarque que la culture biologique du riz est sans équivoque plus émissive que sa culture conventionnelle. Les émissions de CO2 étaient certes plus faibles en conventionnelle qu'en biologiques, mais les émissions dues aux autres GES (N₂O et CH4) sont fortement plus élevées, notamment dû à l'utilisation différente des engrais.

Le riz a donc plus d'émission de GES lorsqu'il est cultivé de manière biologique, là où le café, dans l'étude précédente, était moins émissif quand biologique, pour un type d'agriculture donné.

D'un produit à l'autre, le passage au bio pourra diminuer comme augmenter les émissions.

  • Échelle

Une étude au Royaume-Uni [3] a montré qu'avec leur modèle d'agriculture, l'agriculture biologique permettait de réduire leurs émissions de GES. Cependant, si le biologique était utilisé à l'échelle nationale, la production de nourriture baisserait de 40 %, il faudrait donc produire plus à l'étranger pour compenser cette perte de production. La transformation d'usage de terres peut générer de nouvelles émissions de GES qui vont alors faire augmenter le bilan total des émissions dues à l'agriculture biologique au Royaume-Uni. Là où le bio a des bienfaits à moyenne échelle, l'implémenter à l'échelle d'un pays peut limiter ces bénéfices.

Cependant, il est important de noter que cette baisse de rendement n'apparait qu'en préservant les modes d'agriculutre et de consommation traditionnels. Une étude parue dans Nature en 2017 [4] montre qu'une transition vers le 100% bio d'ici 2050 serait possible à condition de changer nos habitudes de production et de consommation. Par exemple, passer de la monoculture à des polycultures permettrait de réduire l'utilisation d'engrais azotés tout en maintenant les rendements et limiter la consommation de viande permettrait de libérer de la surface agricole pour la consommation humaine. Ainsi, le passage du bio à grande échelle n'est pas voué à augmenter les émissions de GES.


L'agriculture biologique n'émet-elle donc pas significativement moins de GES que l'agriculture conventionnelle ?

Comme on l'a vu, les émissions de GES dues à l'agriculture biologique dépendent de nombreux facteurs. La baisse de rendement par rapport au conventionnel est la cause principale de l'augmentation des émissions du bio, car elle mène à l'utilisation de plus d'engrais naturels et aux changements d'usage de plus de terres.

La provenance du produit a aussi un impact bien qu'il soit modéré au regard des autres étapes de la production.

L'analyse des différentes études de cycle de vie de produits biologiques [5] montre la difficulté à tirer une conclusion sur l'intérêt du biologique concernant les émissions de GES. On voit bien sûr le graphique suivant, que l'ensemble des études sur le sujet ne parviennent pas à souligner une tendance en termes de performances environnementales.

En résumé, l'impact des émissions de GES de l'agriculture biologique par rapport à l'agriculture conventionnelle dépend de nombreux facteurs. Alors que l'agriculture biologique peut avoir des avantages environnementaux indéniables, il est important de reconnaître que cela ne signifie pas automatiquement qu'elle est toujours moins émissive de GES. Les deux approches agricoles ont des répercussions environnementales distinctes et doivent être évaluées au cas par cas pour déterminer leur véritable impact sur les émissions de GES.


To bio or not to bio ?

Bien que l'impact du bio sur les émissions de GES ne soit pas significatif, le bio présente de nombreux avantages dans d'autres domaines.

Le graphique suivant [6] permet de mettre en perspective les performances de l'agriculture biologique (représentées par les pétales) par rapport à l'agriculture conventionnelle (représentée par le cercle rouge).

Les variables n'ayant pas pu être quantifiées sont laissées en gris.

En agriculture conventionnelle intensive, les agriculteurs ont recours à l'utilisation de pesticides pour éviter que certains insectes n'affectent les récoltes. Malheureusement, ces produits chimiques ont des conséquences néfastes, notamment la contamination des sols, de l'eau et de l'air, la destruction des pollinisateurs et des impacts notables sur la santé humaine.

L'agriculture biologique se démarque alors dans les domaines suivants :

  • Meilleur pour la santé

Les pesticides se retrouvent en résidus dans la nourriture, et dans les zones agricoles ces pesticides sont aussi présents dans en suspension dans l'air. De nombreuses études suggèrent un lien entre l'exposition aux pesticides et les retards du développement cognitif, ou une plus grande disposition à la leucémie chez les enfants et une augmentation de l'incidence de certains cancers (poumons, prostate, etc.) particulièrement chez les agriculteurs.

Le graphique ci-dessus met également en évidence les qualités nutritives d'une alimentation bio avec des aliments plus riches en nutriments.

  • Protège la biodiversité

Dans l’Union européenne, 24,5 % des espèces vulnérables ou en danger sont menacées par les effluents agricoles (dont pesticides et engrais). En France, plus de 70 % des nids de perdrix grises sont confrontés à la présence d'au moins un pesticide.

La diminution de la population d'une espèce en particulier peut déclencher des perturbations mettant en péril tout l'équilibre d'un écosystème.

L'agriculture biologique interdit l'utilisation de pesticides chimiques synthétiques. En Europe, par exemple, environ 98 % des zones agricoles biologiques sont exemptes de ces pesticides, favorisant ainsi la présence d'une faune et d'une flore plus diversifiée. Elle promeut souvent la création de zones tampons, de haies et de prairies naturelles, qui servent de refuges pour la faune et contribuent à la préservation de la biodiversité.

  • Protège les sols et nappes phréatiques

L'agriculture biologique privilégie la gestion de la matière organique, en utilisant des amendements naturels tels que le compost et le fumier. Cela améliore la structure du sol et favorise la rétention d'eau. Les sols biologiques peuvent ainsi stocker jusqu'à 28 % de carbone en plus que les sols conventionnels. Les pratiques de labour réduites ou nulles en agriculture biologique aident à prévenir l'érosion du sol. En comparaison, les sols de l'agriculture conventionnelle connaissent une érosion 10 à 100 fois plus rapide.

L'absence d'utilisation de pesticides chimiques et d'engrais synthétiques en agriculture biologique limite les risques de contamination des nappes phréatiques. Les études ont montré que les pesticides étaient présents dans 44 % des eaux souterraines en Europe, mais beaucoup moins fréquemment dans les zones agricoles biologiques.

Que choisir ?

Bien que cela ne se transcrive pas toujours dans le bilan d'émission de gaz à effet de serre, Greenly encourage ses clients à aller vers des moyens de production plus respectueux de l'environnement. Pour ses nombreux avantages, passer au bio est grandement recommandé.

En ce qui concerne les émissions de GES, on recommande d'éviter les produits alimentaires fortement émissifs (voir liste ci-dessous), privilégier les légumineuses, les graines, le soja, les régimes végétariens à des alimentations carnées et aux produits laitiers comme le fromage par exemple.

On cherchera aussi à adopter de bons réflexes dans son choix d'approvisionnement : privilégier les circuits courts, les fruits et légumes de saison, vérifier la provenance et se nourrir de produits locaux, favoriser la permaculture et les produits bios.

La transition est entre vos mains !


Ressources

[1] Greenhouse gas emissions in coffee grown with differing input levels under conventional and organic management

Martin R.A. Noponenab,1, Gareth Edwards-Jonesae, Jeremy P. Haggarbc, Gabriela Sotob, Nicola Attarzadehad, John R. Healey

[2] Environmental Life Cycle Assessment in Organic and Conventional Rice Farming Systems: Using a Cradle to Farm Gate Approach

Elnaz Amirahmadi, Jan Moudrý, Petr Konvalina, Stefan Josef Hörtenhuber, Mohammad Ghorbani, Reinhard W. Neugschwandtner, Zhixiang Jiang, Theresa Krexner and Marek Kopecký

[3] The greenhouse gas impacts of converting food production in England and Wales to organic methods Laurence

G. Smith, Guy J.D. Kirk, Philip J. Jones & Adrian G. Williams

[4] Strategies for feeding the world more sustainably with organic agriculture

Adrian Muller, Christian Schader, Nadia El-Hage Scialabba, Judith Brüggemann, Anne Isensee, Karl-Heinz Erb, Pete Smith, Peter Klocke, Florian Leiber, Matthias Stolze & Urs Niggli

[5] Comparison of organic and conventional cropping systems: A systematic

review of life cycle assessment studies

Martina Boschiero, Valeria De Laurentiis, Carla Caldeira, Serenella Sala

[6] Many shades of gray—The context-dependent performance of organic agriculture

Verena Seufert and Navin Ramankutty

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