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Quand utiliser le terme Neutralité carbone (Net Zero) ?
Quand utiliser le terme Neutralité carbone (Net Zero) ?

Cet article a pour but de clarifier l'utilisation des termes Neutralité carbone (ou Net Zero) en tant qu'entreprise

Riane avatar
Écrit par Riane
Mis à jour il y a plus d'un mois

La neutralité carbone (Net Zero) se réfère à un état d'équilibre entre les émissions mondiales annuelles et la quantité totale d'émissions capturées et stockées à long terme. Selon le GIEC, cet état d'équilibre doit être atteint entre les années 2050 et 2070 pour maintenir le réchauffement climatique entre 1,5 °C et 2 °C en moyenne.

🌍 Le concept de neutralité carbone peut être appliqué à tout territoire suffisamment vaste pour disposer de différentes capacités de capture et de stockage du carbone. L'UE, la France, la Suisse, l'Allemagne, le Canada, la Chine, l'Inde et les États-Unis ont tous déclaré viser la neutralité carbone entre 2030 et 2070.

En raison de la popularité de ce terme, il est désormais fréquent pour les entreprises d'affirmer qu'elles ont atteint la neutralité carbone ou qu'elles sont en trajectoire de neutralité carbone, ce qui signifie qu'elles ont équilibré leurs émissions avec des réductions de carbone.

1. Problèmes liés aux affirmations de neutralité carbone et aux trajectoires

Ces affirmations sont toutefois assez controversées :

Problèmes de comptabilité des GES

  • La comptabilité des GES est imparfaite, les entreprises manipulant souvent les périmètres et méthodologies de leurs rapports d'émissions. Même sans manipulation, les calculs de GES sont incertains et peuvent diverger considérablement des émissions réelles. Certains experts estiment que la comptabilité des GES pourrait ne jamais être suffisamment précise pour des affirmations crédibles de neutralité carbone.

Controverses autour des réductions de carbone

  • Les méthodes de réduction de carbone varient, de nombreuses entreprises s'appuyant sur des projets d'émissions évitées (ex. : financement de technologies de cuisson propre) ou de captage de carbone pour usage industriel, plutôt que sur un stockage permanent du carbone. Ces approches ne construisent pas de capacité de stockage à long terme, pourtant cruciale pour la stabilisation climatique selon le GIEC. De plus, les marchés volontaires de carbone, utilisés par les entreprises pour compenser leurs émissions, sont entachés par des problèmes de transparence, des normes incohérentes et des scandales récents liés à des estimations de capture gonflées.

  • Incertitude du captage et stockage du carbone (CSC): Le captage industriel du carbone reste expérimental, avec de faibles taux de capture et des risques de fuites, rendant la dépendance des entreprises à ce processus pour leurs affirmations de neutralité carbone très risquée. Les solutions basées sur la nature sont également vulnérables, les écosystèmes étant de plus en plus exposés aux effets du changement climatique.

Partage du budget carbone

  • La capacité limitée de CSC signifie que les entreprises compensant plus de 5 à 10 % de leurs émissions pourraient être perçues comme monopoliser des ressources destinées aux secteurs difficiles à décarboner (ex. : acier). Cette monopolisation freine les réductions d’émissions significatives, surtout pour les entreprises dont les émissions sont plus faciles à réduire. De plus, les affirmations de neutralité carbone des économies développées sont critiquées pour leur impact potentiel sur la capacité de CSC nécessaire aux petites entreprises ou aux pays en développement, qui pourraient bénéficier davantage de cette ressource.

La neutralité carbone n'est pas un objectif final

  • La neutralité carbone ne suffira pas à réparer les dommages environnementaux ; elle ne fait que stabiliser les niveaux de carbone. La durabilité véritable nécessite des réductions continues, la restauration des écosystèmes, des pratiques régénératives et des sociétés résiliantes capables de s’adapter aux changements futurs.

2. La perspective du cadre SBTi sur les affirmations de neutralité carbone

Malgré tous les problèmes énumérés, la neutralité carbone reste un terme fort. Dans ce contexte, le SBTi a tenté de concevoir une norme pour des affirmations de neutralité carbone scientifique au niveau des entreprises.

Ce graphique du cadre SBTi décrit une approche en trois étapes pour définir des objectifs de neutralité carbone fondés sur la science :

  • Objectifs SBTi à court terme : Définir des objectifs de réduction des émissions sur 5 à 10 ans, alignés sur une trajectoire de 1,5 °C pour garantir des progrès significatifs dès le début.

  • Objectifs SBTi à long terme : Viser une réduction des émissions à un niveau résiduel compatible avec les scénarios de 1,5 °C d'ici 2050.

  • Neutralisation des émissions résiduelles : Pour toute émission restante après 2050, les entreprises doivent investir dans des solutions de réduction de carbone permanente. Cette étape met en avant la nécessité d'investissements à court terme dans des solutions de réduction de carbone évolutives et encourage les entreprises à divulguer leurs progrès et jalons pour garantir l'intégrité de leur engagement.

Le cadre se concentre à la fois sur la réduction des émissions dans la chaîne de valeur et sur des réductions permanentes pour atteindre une trajectoire d'émissions alignée sur 1,5 °C.

3. La position de Greenly

Notre position sur la « neutralité carbone » met en garde contre la manière dont les entreprises présentent leurs ambitions climatiques. Greenly déconseille de prétendre avoir « atteint » la neutralité carbone, car, au mieux, votre entreprise peut contribuer à la neutralité carbone mondiale par vos efforts de réduction des émissions et de capacités de captage et stockage du carbone. Dans ce contexte, les expressions « trajectoire de neutralité carbone » ou « objectifs de neutralité carbone » peuvent être considérées comme abusives (en supposant que la neutralité carbone fasse référence au niveau de l'entreprise). Nous recommandons « compatible avec la neutralité carbone (mondiale) ».

Nous encourageons la transparence, en recommandant aux entreprises d’éviter de présenter les réductions, les évitements et les captures de manière à impliquer un équilibre direct. Bien que les entreprises puissent communiquer leurs objectifs et progrès, elles devraient rester factuelles, reconnaître les incertitudes et décrire clairement les étapes futures.

Concernant le cadre SBTi, Greenly le soutient comme outil pour la réduction des émissions des entreprises mais en souligne les limites. Nous appelons à un débat démocratique plus large sur l'allocation du carbone et le budget de captage et stockage du carbone (CSC), en soulignant la nécessité d’une responsabilité partagée.

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